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Une campagne contre les violences sexuelles dans les cabinets de kinésithérapie

©thesamphotography

Sophie Conrard
- 31 mars 2022

L'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes lancera, en avril, une campagne de prévention et de lutte contre les violences sexuelles dans les cabinets de kinésithérapie.

Destinée à la fois aux patients et aux kinésithérapeutes, elle a pour objectif "d’informer patients et kinésithérapeutes sur la relation thérapeutique saine et sécurisée et établit les recommandations pour l’appliquer. Les outils qui la composent sont le résultat du groupe de travail sur les violences sexuelles initié par le secrétaire général du CNOMK, Jean-François Dumas, en février 2021", explique l'Ordre dans un communiqué.

Depuis plusieurs années en effet, l'institution s'est engagée pour la prévention et la lutte contre les violences sexuelles. Pascale Mathieu, présidente du CNOMK, explique que "c'est en constatant un trop grand nombre (même s’il reste marginal compte-tenu du nombre de consultations en kinésithérapie chaque jour en France) de plaintes de patientes pour des actes d’agressions sexuelles, d’attouchements, voire de viols, que nous avons décidé, résolument, de nous emparer du sujet des violences sexuelles".

Rappelons toutefois que "les kinésithérapeutes font dans leur immense majorité honneur à la profession par leur intégrité et leur engagement sans faille au service de la qualité des soins. Leur dévouement auprès de leurs patients durant la pandémie en a été une fois de plus la démonstration". Il ne s'agit pas, à travers cette campagne, de stigmatiser toute la profession. Mais "dans nos cabinets, les patients doivent se sentir en sécurité, écoutés, soignés pour leurs pathologies par des professionnels compétents et bienveillants. C’est un préalable à tout acte thérapeutique. Je suis fière du travail entrepris par l’institution que je préside pour s’assurer que ce préalable soit compris et appliqué sans exclusive, dans tous les cabinets de kinésithérapie du territoire", insiste Pascale Mathieu.

"Rendre publics ces faits, les dénoncer, les prévenir permettent à notre profession de se grandir en abordant un sujet autrefois tabou", confirme Jean-François Dumas. "Dans le seul intérêt des victimes et pour que cela cesse, l’Ordre a choisi de travailler sur la prévention de ces violences, afin d’informer les professionnels et leurs patients sur ce qu’est une relation thérapeutique saine et sécurisée.Je souhaite par cet engagement et ces travaux faire évoluer les mentalités, changer les comportements maladroits, déconstruire les idées reçues sur la relation thérapeutique, et informer les patients sur les gestes qui ne sont pas acceptables de la part d’un professionnel de santé."

Un enjeu de société et de santé publique

En moyenne, les 100 000 kinésithérapeutes en France dispensent plus de 2 millions d’actes de kinésithérapie chaque jour. L’Ordre enregistre environ 30 plaintes par an, pour affaires de mœurs. "Ce chiffre peut paraître faible au regard du nombre d’actes mais il est déjà trop élevé compte-tenu de la protection qu’un soignant doit à son patient. Le cabinet d’un professionnel de santé est un sanctuaire, le kinésithérapeute y protège et y soigne son patient", souligne l'Ordre. "Même minoritaires, les actes intentionnels à caractère sexuel et déconnectés de l’acte thérapeutique ne peuvent être tolérés. Le nombre de plaintes a doublé en 5 ans et toutes les situations ne sont pas dénoncées. Nous savons, grâce au travail des ministères de l’Intérieur et de la Justice, que seulement 10 % des victimes de faits à caractère sexuel portent plainte."

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