Le président de l’AKTL (Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses), Jean-Claude Ferrandez [1], qui est par ailleurs un de nos collaborateurs réguliers, vient de publier un livre [2] sur la rééducation des femmes opérées d’un cancer du sein, coordonné avec Daniel Serin, cancérologue à l’Institut du cancer d’Avignon. “Il s’agit d’un travail collectif dans lequel nous avons réuni tous les intervenants participant au traitement et aux soins des patientes atteintes pour un cancer du sein. De nombreux membres de l’AKTL y ont participé, ainsi que des cancérologues, chirurgiens, radiothérapeutes, chimiothérapeutes, radiologues pour l’imagerie, qui interviennent tous dans la première phase du traitement. Ces données médico-chirurgicales sont utiles pour comprendre la prise en charge de nos patientes”, explique l’auteur.

Une lecture indispensable pour les kinésithérapeutes qui exercent dans ce domaine.

Rééducation et qualité de vie
Dans un premier temps, l’ouvrage aborde les données fondamentales d’épidémiologie, d’imagerie et des traitements. Il présente ensuite la rééducation postopératoire, le traitement des lymphœdèmes, des pathologies veineuses, les reconstructions et les soins de support, dont l’intérêt est mis en avant. Enfin, il évoque la qualité de vie de la patiente et son éducation en santé. Ce chapitre porte à la fois sur le retentissement psychologique du lymphœdème, les séjours réparateurs après cancer du sein, la sexualité, la grossesse ou encore les “cafés de la lymphologie” qui peuvent être mis en place au cabinet, avec un groupe de patientes.

Pour ce qui concerne l’activité physique adaptée, après avoir rappelé les bases physiologiques de ses bienfaits, les auteurs évoquent la fatigue spécifique liée au cancer ainsi que les répercussions de l’apparition d’un lymphœdème, avant de présenter ce qui peut être mis en place dans un cabinet libéral. “La qualité de vie de ces patientes passe par des activités physiques nombreuses, c’est pourquoi nous en avons recensé un certain nombre : l’aviron, l’escrime, le tir à l’arc, l’escalade, la marche nordique, le tai-chi…”, complète Jean-Claude Ferrandez.

Toutes les réponses aux questions que vous vous posez
Les auteurs ont eu la bonne idée de doter ce livre d’une “foire aux questions” (une centaine en tout) fort utile pour les praticiens. Certaines émanent des patientes : Dois-je attendre de ne plus avoir de points pour démarrer la rééducation ? Puis-je mettre une crème grasse pendant la radiothérapie ? Quel est le tarif de remboursement d’une prothèse mammaire externe ? Je suis fatiguée par ma chimiothérapie, dois-je arrêter de pratiquer une activité physique ? etc. D’autres sont pour les kinésithérapeutes : La patiente a un érysipèle, dois-je poursuivre les séances de drainage manuel ? Puis-je réaliser un traitement de décongestion en associant drainage manuel et bandage à raison d’une séance par semaine ? Comment puis-je faire connaître les lieux de pratique de sport sur ordonnance près de mon cabinet ? Ma patiente aime marcher mais décrit un lymphœdème du dos de la main en fin de randonnée : dois-je lui conseiller d’arrêter cette activité ? etc.

Rappelons que 60 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année en France et que toutes ces femmes auront, à un moment ou un autre, besoin d’être prises en charge par un masseur-kinésithérapeute.

[1] Lire aussi l’interview p. 28-29.
[2] Jean-Claude Ferrandez et Daniel Serin, “Cancer du sein : rééducation, réadaptation, qualité de vie”, éd. Elsevier, avril 2022. 230 pages, 42 €.

© J.-C. Ferrandez