La e-cigarette contribuerait à augmenter les risques cardiovasculaires
Alexandra Picard
- 11 mars 2019
Les résultats d'une étude épidémiologique américaine présentés au congrès de l’American College of Cardiology (ACC) à la Nouvelle Orléans, du mettent en évidence que les utilisateurs de cigarette électronique auraient un risque cardiovasculaire augmenté.
C’est une étude américaine d’envergure qui a été menée sur 96 476 personnes interrogées dans le cadre de la National Health Interview Survey en 2014, 2016 et 2017. L’analyse portait sur la comparaison de personnes qui vapotaient à celles qui n’utilisaient pas de cigarettes électroniques.
Il a été mis en évidence un risque d’infarctus augmenté de 56 % chez les vapoteurs, un surrisque d’accident vasculaire cérébral (AVC) augmenté de 30 %, un risque de problèmes circulatoires accru de 44 % et plus modérément un risque de maladie coronaire augmenté de 10 %. Les personnes qui ne vapotent pas tous les jours présentent par ailleurs un surrisque d’infarctus. Par ailleurs, les chercheurs ont également observé une augmentation du risque de dépression, d’anxiété ou de "problèmes émotionnels", avec la e-cigarette.
Une analyse multivariée prenant en compte de nombreux facteurs comme le facteur de risque cardiovasculaire, l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle et le fait de fumer des cigarettes, diminue l'impact de la e-cigarette. Le risque d'infarctus n'est pas augmenté "que" de 25 % et celui d'AVC et de "problèmes circulatoires" n'est plus significatif. L'étude montre également que les fumeurs de "vraies cigarettes" avaient des risques nettement plus élevés : leur risque d’infarctus est augmenté de 165 %, leur risque de maladie coronaire de 94 % et leur risque d’AVC de 78 %.
Des liens de causalités qui restent à déterminer
Présentée par Mohinder Vindhyal de l'université du Kansas, à Whichita, cette étude ne précise pas quels étaient les dosages de nicotine présents dans les e-cigarettes consommées. Or, il existe une grande variable entre les différentes e-cigarettes et les pays. Si les produits disponibles en Europe contiennent moins de 20 mg/ml de nicotine (au-dessus de ce seuil, il faut demander une autorisation de mise sur le marché comme pour un médicament), les dosages peuvent être plus élevés aux États-Unis. Ainsi, la e-cigarette Juul par exemple (que l’on peut dorénavant trouver en France) contient jusqu’à 59 mg/ml de nicotine. Il est donc encore difficile de saisir aujourd’hui les implications de ces résultats pour la situation française.
D'autres études de cohorte seront donc nécessaires pour déterminer les liens de causalité selon Mohinder Vindhyal insistant sur le fait que "si le tabagisme entraîne une probabilité beaucoup plus grande de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral que les e-cigarettes, cela ne signifie pas que le vapotage est sûr", ajoutant que "la nicotine dans le tabac comme dans la cigarette électronique peut accélérer le rythme cardiaque et augmenter la pression artérielle".
(avec APM News)
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