Covid-19 : le Sénat à l’écoute de la médecine de ville
Jean-Pierre Gruest
- 3 avril 2020
La crise sanitaire a vu progressivement la mobilisation croissante des professionnels de santé libéraux, et notamment des kinésithérapeutes, pour venir en aide à des services hospitaliers de plus en plus exsangues. Sont-ils bien informés et équipés pour le faire, notamment pour assurer des consultations à distance ? Pour le savoir, la Commission des Affaires sociales du Sénat les invite à répondre de façon anonyme à un questionnaire en ligne dans lequel ils peuvent également faire part de leurs doléances.
En préambule de ce questionnaire mis en ligne mardi dernier, la Commission relève que "la lutte contre l’épidémie de Covid-19 a été prioritairement hospitalière et le reste évidemment pour les cas les plus graves. Avec la progression de l’épidémie et le risque de saturation des capacités hospitalières, la médecine de ville est désormais pleinement mobilisée pour la prise en charge des patients. Pour autant, le degré d’information, de préparation et d’équipement des professionnels de ville ne semble pas à la hauteur des enjeux". Face à la multiplication de témoignages, notamment dans les médias, et "les demandes pressantes des différents territoires, elle a donc décidé de se mettre à l’écoute des professionnels, de leurs difficultés et de leurs suggestions", expliquait le 31 mars son président Alain Milon (LR, Vaucluse) dans un communiqué.
Information, prise en charge et besoins passés au crible
Via une quinzaine de questions, dont la plupart sont définies comme "obligatoires", les sénateurs de la Commission s’interrogent dans un premier temps sur l’information apportée aux professionnels de santé. Ils veulent ainsi savoir si ces derniers estiment avoir été suffisamment informés par les autorités sanitaires (ministère de la Santé, Haut conseil de la santé publique, HAS…), de quels relais (Ordre, URPS…) ils ont bénéficié, ou encore s’ils considèrent que les recommandations officiellement validées portant sur les traitements susceptibles d’être administrés aux patients atteints du coronavirus leur paraissent suffisamment claires, cohérentes et pertinentes.
D’autres questions portent sur leurs conditions de travail, par exemple s’ils pensent que l’application des consignes sur la prise en charge des patients est concrètement faisable, s’ils ont des échanges avec les acteurs hospitaliers pour l’organiser ou s’ils exercent exceptionnellement tout ou partie de leur activité à l’hôpital. La télémédecine et le télésoin sont aussi abordés, notamment sur le fait d’être équipé pour en faire et les éventuelles difficultés pour développer ces pratiques de suivi à distance.
La Commission s’enquiert aussi de leurs besoins, s’ils sont correctement équipés en protections de sécurité (masque, gel...) et s’ils disposent des outils nécessaires pour assurer les remontées épidémiologiques ou dépister les patients susceptibles d’être atteints du Covid-19.
Une opportunité supplémentaire pour la profession de faire entendre sa voix
Les réponses se font au moyen de QCM (oui / non / ne se prononce pas) avec des champs d’expression libre pour les développer plus longuement ou faire part de ses réflexions ou préconisations pour mieux faire face à la crise sanitaire.
"Que vous soyez médecin généraliste, pharmacien, biologiste ou profession paramédicale, nous vous proposons de nous adresser votre contribution et votre témoignage grâce à cet espace participatif. Faites-nous part de ce que vous vivez et des réflexions que vous inspire votre expérience", insiste Alain Milon, qui promet que les sénateurs de la Commission se feront "les relais de ces remontées de terrain dans leurs activités de contrôle et de questions au gouvernement". Une initiative intéressante qui pourrait permettre à la profession de valoriser son action et d’appuyer des revendications, notamment par rapport au développement du télésoin en kinésithérapie.
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