Histoire et traditions :
L'Andalousie dans toute sa splendeur
Damien Regis
Kiné actualité n° 1444 - 21/04/2016
Ses côtes furent colonisées par les Phéniciens 1 000 ans avant Jésus-Christ, puis l’Andalousie passa sous le contrôle de Carthage, puis de Rome, des Vandales, des Wisigoths avant que les Arabes ne s’y installent à partir de 711 après J.-C. Il fallut attendre 1492 et la réunion des couronnes de Castille et d’Aragon pour que les rois chrétiens parviennent à la reconquérir. C’est toute cette riche et tumultueuse histoire que cette région montagneuse et côtière a su préserver, jusque dans le moindre village.
Avec ses oliveraies, ses collines plantées d’agrumes et de vignobles, le fameux jardin des Hespérides de l’Antiquité a su préserver des paysages d’une beauté naturelle. C’est pourquoi il faut éviter de traverser l’Andalousie en coup de vent. Pas moins de deux semaines sont nécessaires à qui veut à la fois s’imprégner de ses sites et revisiter son histoire.
On peut aborder la région par l’est avec un séjour à Grenade, l’une des plus belles cités andalouses, avec son imposant château de l’Alhambra, perché sur une colline au milieu de la ville entourée de montagnes. C’est derrière les remparts de pierre rougeâtre que l’on découvre la beauté de cette ancienne place forte militaire choisie par les occupants arabes pour y construire leur palais. Du 13e au 15e siècle, la citadelle a été protégée par de hauts remparts flanqués de tours défensives. Si la zone militaire abritait la garde royale, l’ancienne médina est dominée par le Palais de Charles Quint, édifié à partir de 1492, période de la reconquête par les catholiques. On ne peut quitter la ville sans aller s’émerveiller dans les fameux jardins de l’Alhambra.
Ronda, capitale de la tauromachie. |
Flâner sur les rives du Guadalquivir
On poursuit avec la découverte de Malaga, sur la Costa del Sol, en se promenant le soir sur l’élégant front de mer pour y déguster le célèbre apéritif éponyme. Le centre ancien de la ville est typique et il est très agréable d’y flâner. Mais c’est bien sûr le musée Picasso qui reste la principale attraction. Sa visite s’impose car beaucoup de choses se rapportent à l’enfant du pays autant qu’à son œuvre.
Et voici l’envoûtante Cordoue, qui était la plus grande ville d’Europe au 10e siècle, époque où elle se rendit célèbre pour la qualité de ses cuirs. Il faut commencer sa découverte par l’incontournable grande mosquée-cathédrale, joyau de l’architecture islamique en Occident. On attribue à cette ville une tradition de tolérance depuis que chrétiens, juifs et musulmans y vécurent dans une relative bonne entente du 9e au 12e siècle.
Y subsiste une atmosphère unique, avec un mélange de styles architecturaux qui font l’originalité de la grande cité andalouse.
L’ancienne mosquée du 8e siècle repose sur une spectaculaire forêt de 854 colonnes de pierre. La maqsura, espace situé devant le mihrab [1], est d’une très grande beauté, comme l’ensemble des éléments architecturaux ajoutés par les chrétiens après la Reconquista pour transformer le lieu en cathédrale.
Il faut aussi admirer l’ancienne cour des ablutions maintenant plantée d’orangers. Et, en sortant, faire un tour jusqu’aux anciens bains maures, puis faire une balade dans la Juderia, l’ancien quartier juif avec ses ruelles et ses maisons blanches organisées autour de superbes patios fleuris. Le soir venu, rien n’est plus agréable que d’aller prendre un verre ou dîner à une terrasse près du Guadalquivir, même si la plus belle lumière sur le fleuve est celle du petit matin. Dans la ville où les bains et les hammams ne manquent pas, nous vous conseillons le hammam El Andalous, ouvert jusqu’à minuit, pour vous libérer de votre fatigue.
Après une étape à Ronda, l’un des plus beaux et plus anciens villages d’Espagne, là où est née la tauromachie et où les arènes néo-classiques sont entretenues comme un lieu saint, on prend la route de Séville.
Dans la mosquée-cathédrale de Cordoue. |
Les Bougainvilliers de Séville
Depuis sa création au deuxième siècle avant J.-C., Séville, qui a donné deux empereurs à Rome, Trajan et Hadrien, a connu le passage des civilisations les plus diverses. Tout conduit à débuter la visite par la monumentale cathédrale, classée au Patrimoine mondial de l’humanité. Elle forme un ensemble avec l’Alcazar et le bâtiment des Archives des Indes. Elle a été édifiée, comme une revanche, à l’emplacement exact de l’ancienne grande mosquée almohade du 12e siècle. Elle a conservé le minaret, la belle tour de la Giralta, devenue l’un des symboles de la ville avec le grand jardin des orangers, lui aussi hérité de la période arabe.
Le charme de la ville est indéfinissable et, pour s’y abandonner, il faut flâner sur la place d’Espagne et dans le vieux quartier pittoresque de Santa Cruz. C’est le cœur historique de Séville, avec ses maisons typiques, ses ruelles et ses petites places dégoulinant de bougainvilliers. Plus populaires mais tout aussi attachants sont les quartiers de Triana et de La Macarena.
[1] Le mirhab est une niche pratiquée dans un des murs d’une mosquée pour indiquer la direction de la Mecque.
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