Pour sa 26e édition, le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) s'interroge sur la puissance des fleurs au coeur de notre imaginaire. L'occasion de découvrir, sous leur fragile pistil, ce réel pouvoir de fascination que les jardins contemporains continuent d'exhaler, tel un parfum mystérieux.

Les fleurs ont toujours fasciné et nourri l’imaginaire des artistes, dans tous les domaines d’expression. En parallèle, elles influent sur nos vies grâce à leur pouvoir tant médicinal que symbolique ou esthétique. Perfection, diversité, parfum, couleurs, mystère… : les fleurs ont toujours eu un pouvoir ensorcelant sur l’homme. Capables de soigner, empoisonner ou traduire les sentiments, leur puissance est telle qu’on peut sans conteste les considérer comme les grandes magiciennes de nos jardins.

Cet événement se présente comme un formidable inventaire bucolique de l’art des jardins au 21e siècle. Comment ces derniers tirent-ils le meilleur du pouvoir des fleurs ? C’est la question qui est ici posée. Pour illustrer ce propos, plusieurs d’entre eux sont scénarisés de façon audacieuse et ouverts au public. Le résultat surprend, ravit, enchante, conduit au rêve comme à la prise de conscience. Valoriser différemment les fleurs, c’est ce qu’ont imaginé les concepteurs de l’édition 2017, associés pour l’occasion à des pépinières d’excellence qui ont su trouver des fleurs d’exception, rares, inattendues et souvent jamais vues. Toutes sont ici mises en scène au cœur de jardins oniriques aux noms évocateurs : “De l’autre côté du miroir”, "Le Bouquet d’après”, “Le Pouvoir des sorcières”, “La Fleur du mal”… [1].

"La planète en ébulition".	"La rivière des tulipes".

Un cadre exceptionnel
Ce festival unique par sa richesse et son originalité permet également de découvrir le cadre exceptionnel du domaine régional de Chaumont-sur-Loire, situé entre Amboise et Blois. Celui-ci comprend à la fois un magnifique château médiéval où vécurent Catherine de Médicis et Diane de Poitiers, et un parc superbe, labellisé “Jardin remarquable”, au bord du dernier fleuve sauvage de France. De par sa valeur patrimoniale, artistique et botanique, Chaumont est aujourd’hui considéré comme le plus grand centre d’art indoor et outdoor en France. C’est aussi l’étape la plus singulière du traditionnel circuit des châteaux de la Loire au sein d’un paysage classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

Vue du château de Chaumont.

Le designer Alexis Tricoire à l’honneur
à l’occasion de cette édition 2017, quatre “cartes vertes” ont été attribuées à différents artistes, parmi lesquels le designer Alexis Tricoire, qui propose “La Planète en ébullition”. Fidèle à ses idéaux, il y dénonce la déforestation des forêts tropicales et primaires, à l’origine du réchauffement climatique et de la disparition de la biodiversité. Pour le festival de Chaumont, il a imaginé une mise en scène spectaculaire autour d’un bassin en ébullition, placé au cœur d’un paysage aride hérissé de petits volcans en terre rouge. Posté sur un ponton de bois, le visiteur peut observer la scène en l’englobant entièrement, découvrant ainsi les vestiges d’une forêt tropicale et des sphères métalliques protégeant des colonies de plantes rampantes et fleuries. Un grand moment de poésie qui, outre son esthétique inspirée, propose une véritable méditation sur l’avenir de la planète.

[1] Programme en cliquant ici

© E. Sander